Comment l’analyse de réseau aide-t-elle à comprendre la structure d’innovation d’un secteur industriel?

Si l’on entend par réseau un ensemble de relations (liens) entre des acteurs (noeuds), l’analyse de réseau est l’outil permettant de visualiser le réseau et d’effectuer des mesures des relations à l’intérieur de celui-ci. Elle permet une visualisation graphique et fournit des données quantitatives sur les relations et le positionnement des acteurs.

L’analyse de réseau offre l’opportunité de comprendre et d’analyser ces stratégies interentreprises en cartographiant la nature de ces alliances, les acteurs et leur position dans le réseau.

Une application au secteur biopharmaceutique en Ile-de-France

Avec ces programmes, La structure d’innovation du secteur biopharmaceutique a connu d’importants changements dans les dernières décennies. Elle repose de plus en plus sur le tryptique innovation-produit-service. Cela a entrainé la création de réseaux d’alliances très complexes.
De de point de vue, la région Ile-de-France est riche d’un tissu industriel important (entreprises pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux, entreprises de biotechnologies, entreprises du secteur équipement biomédical), d’une concentration de la recherche publique française dans le domaine de la santé (INSERM, CNRS,…), de la présence d’un pôle académique majeur ( universités, écoles normales supérieures, écoles d’ingénieurs dans les sciences du vivant) et du premier promoteur d’essais clinique en France, l’ Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Une analyse à partir des projets collaboratifs en R&D

L’analyse du réseau de l’IdF s’est faite à partir de l’existence de projets collaboratifs de R&D financés par un acteur public, une agence de financement ou labellisés par un pôle de
Compétitivité.
Après avoir identifié pour chaque projet collaboratif, l’acteur pilote et les autres partenaires impliqués, l’analyse a montré que l’on retrouve des acteurs de taille importante au centre du réseau: grands laboratoires pharmaceutiques, grands centres de recherches publics et grandes universités parisiennes.
Ce réseau centralisé se double d’une forte présence de PME à sa périphérie.

Pourquoi une telle structure de réseau ?

La centralité directe d’un acteur (ici universités, centres de recherche et grandes firmes pharmaceutiques) est liée à sa capacité d’innovation intrinsèque à un moment donné, à la valeur de cette innovation pour l’ensemble des autres acteurs du secteur, et à sa capacité de détention d’un actif essentiel au processus d’innovation.
Cette architecture met en avant la centralité des institutions publiques qui influencent directement le degré et la nature de l’innovation. Les centres de recherches publics et les grandes universités sont des lieux de passage obligatoire pour des raisons institutionnelles et de financement.
Alors que les grandes entreprises constituent une part importante du réseau par le financement qu’elles assurent. Par l’orientation des thématiques de recherche, elles ont un pouvoir de contrôle et de diffusion des informations et des connaissances au sein du réseau.

Conclusion

L’analyse graphique et quantitative du réseau montre que la structuration du réseau d’innovation se construit autour d’un ou de plusieurs acteurs centraux qui en façonnent l’articulation globale. Le réseau se centralise autour des très grands acteurs avec un positionnement plutôt périphérique des acteurs de taille moins importante comme les PME.
L’innovation, à travers la centralité directe des acteurs, influence donc l’architecture globale du réseau.

Cet article a été publié dans la revue Gestion 2000.

Pour en savoir plus: https://www.cairn.info/revue-gestion-2000-2021-1-page-17.htm

Wafa Khlif, professeure, Dr/HDR
Sofiane Tahi, Université de Picardie Jules Verne
Khaled Belghoul, Université de Picardie Jules Verne
Vanessa Casadella, Université de Picardie Jules Verne

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